Je suis face à la mer.
Un cormoran nage
Seul
Dans l’eau grise de la Manche.
Il plonge et disparaît,
Puis sa tête noire
Émerge des vagues,
Juste devant moi.
J’ai l’impression qu’il me regarde.
Il veut me dire quelque chose.
J’entends les cris des enfants
Qui jouent à chat-perché
Dans les rochers.
Je tourne la tête,
Ils sont partis au loin.
Je me lève et m’approche
Du rivage.
La mer lèche mes pieds nus
Et m’attrape les chevilles
De ses doigts de glace.
Le cormoran est face à moi.
Maintenant, il me regarde fixement.
Je ressens son appel
Au plus secret de mon ventre.
Je ne peux plus détacher
Mon regard de ses yeux.
Il m’aspire, ma vue se brouille.
J’aperçois un voilier blanc
Qui s’approche.
Une femme aux longs cheveux noirs
Me fait signe de ses bras.
Elle a la poitrine nue,
Un immense collier de fleurs
Multicolores,
Ses jambes disparaissent
Dans une jupe scintillante.
Elle sourit puis elle chante.
Sa voix me bouleverse.
La mer est chaude et très bleue,
Presque transparente.
Je m’avance vers le bateau,
Vers ses grandes voiles
Éblouissantes.
J’ai de l’eau jusqu’au cou.
Le cormoran me regarde toujours.
Il est sur le pont,
Près de la femme aux longs cheveux.
Il m’appelle.
Je me laisse emporter.