Deux fois par semaine,
Allongée sur une méridienne,
Je cherche à comprendre
Le pourquoi du comment
J’en suis arrivée là,
À ne pas savoir
Où trouver une réponse,
Si j’ai choisi le bon chemin,
Et s’il y a encore une autre voie.
Quand finira ma quête ?
Deux fois par semaine,
Je convoque tous les fantômes,
Ma mère, mon père, mes frères et mes sœurs,
Mes maris, mes amants,
Mes amis, mes enfants,
Mes ennemis imaginaires,
Dans une sarabande folle,
Une danse sans fin autour de ma vie.
Je cherche le sens secret,
Caché derrière chaque regard,
Chaque mot,
Chaque blessure.
Quand finira ma quête ?
Deux fois par semaine,
Sous les apparences,
Je cherche l’origine du malaise,
La source du mal-être.
Je dissèque ma mémoire,
Je me coupe les neurones en quatre,
En dix, en mille,
Mais le noyau me reste inaccessible.
Et je juge, je condamne tous mes actes,
Mes rêves, mes désirs,
Mon incompétence,
Mon indolence.
Et même mon absence de souvenirs.
Je suis ma première victime,
Sans pitié.
Je ne me donne pas de circonstances atténuantes.
Je suis fatiguée de moi-même.
Je voudrais être une autre,
Mais qui ?
Quand finira ma quête ?
Je tourne en rond dans mes paroles,
Je me cogne contre les murs
De mon esprit,
Ceux que j’ai moi-même construits,
Avec acharnement et méthode,
Qui m’encerclent et m’étouffent.
Je ne me comprends pas,
Je ne me reconnais pas.
Je cherche une issue,
Tout est sens dessus-dessous,
Dessous-dessus.
Quand finira ma quête ?
Parfois une lumière,
Une porte entrevue au loin,
Un nœud qui se défait,
Un apaisement, une réconciliation.
Après tout oui,
La vie est possible
Ce chemin qui s’offre à moi,
Pourquoi ne pas le suivre ?
Je cherche l’amour et le pardon,
La confiance et l’abandon,
Je cherche ma place dans ce monde.
Quand finira ma quête ?
Je me sens nouvelle
Forte et vigoureuse,
Chaleureuse,
Amoureuse.
Ma quête est-elle finie ?
Mais d’autres questions surgissent
Des rêves incompris,
Des pleurs inexpliqués,
Des peurs inattendues.
Je ne me reconnais pas,
Je ne me connais plus.
Deux fois par semaine,
Il faut recommencer,
Laisser les mots venir,
Egrener les rêves et les souvenirs,
Les enfiler sur le collier de mon histoire
Chercher encore une explication,
Une cause, une cause à la cause.
Débusquer mes mensonges,
Accepter mes fantasmes,
Reconstruire mon image.
Tel un chercheur d’or
Courir après la clé des songes.
Quand finira ma quête ?
Un jour, sans l’avoir prémédité,
Je me lève,
En emportant ma part d’ombre.
Je ne veux plus tout contrôler.
Je suis prête à me pardonner,
A m’aimer,
A faire la paix,
A continuer
Seule.
Je ne suis plus au centre.
La vie me semble plus légère,
Et belle aussi, malgré les salissures du temps.
Et même si les questions subsistent,
Je n’ai plus besoin de réponses.
